Projet de deuxième année de Marianne Bras

[…] une figure colle son oreille contre une paroi imaginaire, puis son œil contre une serrure imaginaire. Scène 7

Questionnements, incertitudes, peur ; ce sont les sentiments qui surgissent à la lecture des Félins m’aiment bien d’Olivia Rosenthal. Ce texte parait être un matériau, une œuvre qui nous donne l’occasion d’expérimenter, de rechercher son sens ou de trouver comment lui en donner, même si nous ne pouvons pas tout déchiffrer. Nous avons envie de donner une raison à cette pièce, une explication, pour se rassurer et comprendre.

Tu sais bien que nous prenons trop de place, nous les gênons, c’est ça, nous les gênons, nous les empêchons de faire leurs expériences, de réaliser leurs projets sanglants dit le personnage de Marianne dans les premières pages. Et s’iels étaient des cobayes ? Et s’iels étaient les sujets d’une expérience scientifique et sociale ; à la façon de La Dispute de Marivaux ? Qui contrôle ces expériences? Depuis combien de temps, pour encore combien de temps, quel est le but de cette étude du genre humain ? Essayons nous de savoir ce qui pousse des êtres humains à être des animaux ? Que reste-t-il de la part d’humanité dans des situations de crise ? Sont-iels des souris de laboratoire ? Tant de questionnements sans réponse qui m’ont inspiré et qui m’ont fait imaginer cette mise en espace.

 maquette vue du public, échelle 1:50

Plusieurs espaces sont décrits dans le texte mais un m’a particulièrement interpellé : celui de la serre. Elle est importante et j’avais envie d’exploiter son potentiel esthétique en lui donnant une place forte ; c’est elle qui structure l’espace. Cette mise en espace montre six personnages coincés dans un même environnement dont les cloisons sont incertaines, en mettant le public proches d’eux et immergé de cette univers étrange. On peut aussi bien figurer le dehors. Il suffit de penser que les murs de la maison acquièrent une brutale transparence, éphémère peut-être, mais si cette transparence est éphémère, alors profitons-en. Regardons à travers les murs de la maison si le monde bouge. Et s’il ne bouge pas plus qu’à l’intérieur, oublions qu’on peut traverser les murs. Deuxième Disparition, scène 6.

Pour cela j’ai pensé à un dispositif tri-frontal pour que le public soit intégré au mieux au spectacle et soit proches des émotions qui peuvent s’en dégager. La scène est au milieu et la quatrième face devient un prolongement de l’espace de la fable et servira aussi de coulisses. Sur cet îlot central surélevé émerge une serre en verre légèrement enfumée pour que le spectateur puisse avoir accès aux mouvements qu’elle accueille. Toute la scène est entourée de poteaux qui la structure, rappelant l’ossature d’une maison et qui tiendrait ici les cloisons imaginaires ; tout l’espace de la salle de spectacle est utilisé, surtout par les personnages des figures.

croquis structure scénique

Pour transcrire cette ambiance scientifique par la lumière ; je me suis inspirés de plusieurs éléments. Pour la serre, elle serait vaporeuse et colorée, comme dans les images de serres en Bretagne où les tomates sont cultivées avec des installations de lumière LED, ce qui produit une pollution lumineuse très forte dans tous les environs. Les différentes lumières présentes tout le long du spectacle produisent une ambiance quasiment radioactive et étrange, mettant en relief les corps, la peau des comédiens et comédiennes, avec des couleurs sensuelles, zénithales, mais anormales. La lumière est forte est très présente. La serre en verre quant à elle serait alimentée en fumée par des tuyaux qui s’étendent dans l’espace du théâtre. Pour y accéder, quelques vitres sont entrouvertes, pouvant laisser des corps entrer dans une zone doucement enfumée.

croquis ambiance lumineuse dans la serre.

L’idée serait de projeté des images mouvantes de scan cran ou IRM évoquant l’activité sexuelle, thème très présent dans la pièce, que l’on peut observer dans le cerveau. Ces images sont ponctuellement projetées sur des écrans en tulle transparent qui entourent l’espace scénique. Le texte peut aussi être donné à voir, pour figurer les différents « tableaux ».

modélisation Sketchup de la scénographie

 

Marianne Bras