«Les gravats en héritage, matière d’une recherche par le design»,
Anna Saint Pierre Doctorante SACRe PSL
CIFRE EnsadLAB – SCAU (agence d’architecture et d’urbanisme)
Groupe de recherche Soft Matters
Direction de thèse : Jean-François Bassereau, Aurélie Mossé
Lorsque, dans un projet architectural, certains matériaux sont jugés obsolètes, et de ce fait, sont destinés à la benne, je propose de les réintroduire in situ, sous une autre forme, en les adaptant aux usages, programmes et cahier des charges du nouveau projet.
La matière prélevée lors du chantier est transformée et intégrée au nouvel édifice sous forme de lests, d’agrégats, de pigments, qui détermineront la couleur, la forme, la matière, la consistance, la texture, la main et le poids des nouveaux matériaux.
Cette pratique, initiée durant ma dernière année d’études à l’école des Arts Déco (en design textile et matière) revisite l’espace-temps du chantier du point de vue du design des matériaux. Dans ce contexte, la décomposition de l’édifice se présente à la fois comme une opportunité et comme un problème : celle-ci libère les composants architecturaux et du même coup cause leur dégradation physique, passant officiellement du statut d’édifice à celui de déchets.
Réunis sous forme d’échantillons, ils offrent d’un seul coup d’œil une vision d’ensemble sur les matières qui composaient l’ancien édifice. Cette collecte sert in fine un projet plus large : incorporer les gravats dans le renouvellement des lieux et faire en sorte que la transmission de cette chaîne d’informations (et de valeurs) ne s’arrête pas au chantier, mais se destine, une fois la livraison du projet, aux futurs habitants, usagers, visiteurs ou passants.
Ce projet de recherche par la pratique du design a été développé auprès de l’agence d’architecture SCAU. Dans ce contexte plusieurs de ses projets et chantiers de réhabilitations et de restructurations ont servi de terrain d’études. L’un des objectifs était de développer des protocoles et des formulations de transformation in situ transposables d’un projet à l’autre en fonction des gisements de matériaux disponibles. L’approvisionnement local – variante du procédé – engendrera ainsi un matériau spécifique à chaque projet.