« Interaction gestuelle et interfaces improvisantes », Loup Vuarnesson, Doctorant SACRe PSL, – Spatial Media –

Direction de thèse : Emmanuel Mahé, François Garnier
CIFRE EnsadLab/Emotic

 

La récente popularisation des interfaces de médiations spatiales, telles que les casques de réalité mixte, les interfaces vocales ou de capture de mouvements, offre aujourd’hui aux designers un tout nouveau champ d’expression et d’organisation de l’information.
Il nous est possible de concevoir des expériences numériques qui occupent l’espace et avec lesquelles on interagit naturellement, avec le corps, le regard, ou la voix.


Ce changement de paradigme interactif sollicite nos sens et notre cognition à la manière de nos interactions avec le monde physique, et du point de vue des arts, du design, mais aussi de l’anthropologie et de la recherche en cognition, de nouvelles frontières et potentiels s’ouvrent.

On dit souvent que  l’essentiel de la communication est non verbale : les sons, les gestes, l’apparence, les postures des corps… Tout ça nous informe davantage que les mots, pourtant nos médiums de communication usuels ne permettent pas à cette information de circuler.

Dans le cadre de cette thèse, nous voulons explorer la question de l’intégration du non verbal comme une forme d’entrée dans les systèmes numériques, et questionner les interprétations et réponses sensorielles que ces expériences pourraient formuler en retour.
Nous prenons pour cela en inspiration les mécanismes d’improvisation et d’inter-subjectivité ayant lieu en danse ou en musique, afin de concevoir des expériences où l’utilisateur et le système co-évoluent, à l’image de deux personnes qui bougent ensemble.

A mi chemin entre le monde industriel et celui de la recherche en design, fruit d’une collaboration entre l’agence EMOTIC et l’ENSADLab, cette thèse parcourt cette question à travers deux approches :

– A travers plusieurs projets scientifiques et performances artistiques, nous explorons différentes manières de mettre en jeu la communication gestuelle entre des participants immergés dans des expériences numériques. En diminuant la perception des corps nous observons de nouvelles stratégies de communication et d’expression et étudions leurs impacts sur la créativité et l’engagement des utilisateurs.

– D’un autre côté nous proposons plusieurs projets et outils de design permettant de questionner les interdépendances entre un utilisateur, son environnement et l’interface numérique, où le geste et les stimulis sensoriels se questionnent et se répondent.

– Dans une dernière partie de la recherche nous proposons une expérience immersive répondant à la gestualité de l’utilisateur grâce à des algorithmes d’intelligence artificielle et via une reconnaissance de ses qualités de gestes. Danseur et système numérique improvisent et co-évoluent ainsi ensemble.

Cette thèse met au premier plan la recherche transdisciplinaire, où artistes, designers et chercheurs repoussent par le champ performatif leurs limites mutuelles.
C’est par la constante adaptation de nos langages respectifs que nous découvrons ainsi de nouveaux champs d’expérimentation, au point de convergence de nos différentes pratiques et savoirs.